Vaudeville
Depuis mon texte du 15 février "Chronique d'une fin", Rosie et moi vivons une histoire assez mouvementée. Pour être honnête, depuis cette période, je sais que Rosie voit quelqu'un d'autre. Dans ces cas-là, il est très difficile de garder son objectivité et les tourments du coeur vous font souvent faire n'importe quoi. La particularité de notre relation, bien qu'amants, veut que nous sommes devenus avec le temps un couple "comme les autres". Je précise, nous vivons un amour extraordinaire, le sexe entre nous est toujours aussi explosif et excellent, nous sommes excités l'un pour l'autre comme jamais avec aucune autre personne. Nous sommes un couple d'amants, mais nous ne tolérons nous partager qu'avec nos conjoints. Bref, nous sommes jaloux, chacun à notre manière.
Depuis février donc, alors que Rosie m'affirme que son idylle passagère avec ce collègue est terminée, qu'elle a cessé tout contact avec lui, je sens au fond de moi qu'un truc cloche encore. C'est une époque un peu difficile pour nous, le travail et le manque de temps nous éloignent un peu. Pourtant, nous baisons toujours aussi magnifiquement plusieurs fois par semaine, et à chaque occasion, nous nous dévorons comme des animaux. Qu'à cela ne tienne, c'est inexplicable, mais je sens que sa tête est de nouveau ailleurs. Sont-ce les sms qu'elle reçoit parfois discrètement quand nous sommes ensemble, ou l'impression de gêne qui en découle? Je me pose la question, et j'aborde régulièrement le sujet avec Rosie. La réponse est cinglante: je me fais des films...
Rapidement, j'ai le sentiment profond qu'elle ment, découvrant ça et là des preuves après d'âpres recherches, parfois dignes d'un détective. C'est plus fort que moi, je dois savoir... Finalement assez vite, j'ai la certitude qu'ils se voient encore. Sans doute pas assez discrets, ils sont vus ensemble par une amie commune. Je peux donc imaginer ce que je veux. Et Dieu sait quelle imagination...
A ce stade de ce texte, j'ai conscience que cette histoire devient un Vaudeville grandguignolesque, que l'amant dans le placard va sortir en peignoire au moment où le mari reviendra du travail. Les portes vont claquer, des quipropros s'enchaineront et les ressorts comiques feront écrouler de rire la salle. Toujours les mêmes ficelles, mais ça marche... Et je n'échappe pas au stréréotype.
Les jours se succèdent, puis les semaines et les mois. Je glisse de temps en temps des perches mais je me suis promis de ne rien dire. Je veux tester Rosie et sa capacité à me mentir. Au fur et à mesure que le temps s'écoule, cette manie prend des proportions obsessionnelles. Je ne pense plus qu'à ça, au détriment de ma vie familiale bien souvent. Cette situation devient invivable. Je ne pense plus qu'à les piéger...
Il y a une semaine, nous sommes enfin parvenus à en parler. Et depuis, tout a repris comme avant!Tout ça pour ça...
Nos baises ont monté d'un cran encore, pour vous dire... Hier encore, nous avons touché l'excellence!
Je t'aime Rosie
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